Trafic d’armes de la Colombie à Haïti : révélation du président Gustavo Petro

Un scandale secoue la Colombie alors que l’armée nationale fait face à la révélation choquante de la disparition de millions de balles, de milliers de grenades et de plusieurs missiles, dont une partie serait acheminée vers Haïti. Le président colombien, Gustavo Petro, a mis en lumière ces pertes lors d’inspections récentes dans les bases militaires. Il a attribué ces disparitions à une corruption interne, accusant le personnel militaire de vendre des armes à des trafiquants.

Selon M. Petro, ces manquements dans l’inventaire sont le résultat de réseaux clandestins opérant depuis longtemps, impliquant à la fois des membres des forces armées et des civils, qui se livrent à la commercialisation illégale d’armes provenant de l’État colombien. Mais ce qui soulève le plus d’inquiétudes, c’est la possibilité que ces armements disparus soient acheminés vers Haïti, une destination souvent utilisée pour le trafic d’armes.

Les inspections surprises menées le 12 février à la base de Tolemaida et le 1er avril à La Guajira ont révélé des écarts alarmants. À Tolemaida, plus de 808 000 balles et près de 10 000 grenades étaient manquantes par rapport aux enregistrements officiels. À La Guajira, les chiffres étaient encore plus alarmants, avec près de 4,2 millions de balles et plus de 9 300 grenades disparues. En outre, la base de La Guajira aurait perdu deux missiles Spike, 37 missiles Nimrod et 550 grenades propulsées par roquettes.

M. Petro a exprimé ses préoccupations quant à l’utilisation de ces armes disparues, craignant qu’elles n’aient été transmises à des groupes armés colombiens ou qu’elles aient été écoulées en Haïti. Il a souligné la tragédie ultime : ces munitions finissent souvent par blesser ou tuer les propres membres des forces militaires colombiennes.

Ce scandale survient dans un contexte de longue lutte pour la stabilité en Colombie, où des décennies de conflit ont opposé les forces gouvernementales aux groupes de guérilla de gauche et aux forces paramilitaires de droite, causant la mort de plus de 450 000 personnes. En outre, les forces militaires colombiennes ont été entachées par des affaires de corruption et d’abus des droits de l’homme.

Le ministre de la Défense, Iván Velásquez, a annoncé lors d’une conférence de presse que des enquêtes étaient en cours sur les disparitions d’armes et que des mesures avaient été prises, notamment le déplacement de certains responsables de leurs postes. Il a également promis des inspections approfondies dans les bases militaires à travers le pays.

Malgré ce scandale, l’armée colombienne demeure l’une des mieux équipées de la région, ayant reçu d’importantes aides financières des États-Unis pour lutter contre les cartels de la drogue. La Colombie continue de faire face à des défis complexes en matière de sécurité, et la résolution de ce scandale ne fait que souligner l’importance de la transparence et de la responsabilité au sein des forces armées du pays.

Constant Haïti