Marche pour exiger Justice pour Monferrier Dorval
Vêtus de toge noir pour la plupart, pancartes en main, des visages donnant l’air des guerriers prêts pour le combat, ils répondent pour une énième fois à un rendez-vous de rassemblement de rue. Nous ne parlons pas des opposants du pouvoir en place ni des ouvriers mais plutôt des avocats(es) du Barreau de Port-au-Prince. Lundi 5 Octobre 2020 il est environ Midi, nous sommes par-devant la cour de cassation. Après un court discours de la Bâtonnière, Marie Suzy Legros, faisant une mise en contexte de la marche, avocats, étudiants, militants et autres citoyens prennent la route en destination du cabinet Me Monferrier Dorval à la ruelle Rivière.
Pacifiquement la marche emprunte rue Capois. Un véhicule sonore joue des morceaux du chanteur Antonio Cheramy dit « Don Kato ». À travers les pancartes que portaient les protestataires surtout des juristes, nous pouvons lire, « Jovenel si w pa koupab met komisyon entènasyonal la sou pye ». « Oupss!!! Quel gâchis », « Kou a fè nou mal », « Twòp san koule », « Grégory sa k ap pase konsa », « Je ne m’appartiens plus, j’appartiens au pays », « Jistis pou lajistis », et autres.
Laissant la rue Capois, à l’avenue Jean Paul II, il va y avoir les premiers actes violents ; Attaque du local hébergeant le lycée Marie Jeanne, le lycée des jeunes filles ainsi que la classe terminale du lycée de lasaline. Une frange des protestataires ont lancé des pierres à l’intérieur de ces établissements scolaires en vue de forcer les élèves à sortir pour y venir participer, mais certains avocats ont arrivé à régner l’ordre. Moins de 70 mètres, ça va être le tour d’un local du ministère des sports.
La marche se compose des étudiants en majorité surtout ceux de l’UEH qui activent depuis samedi dernier une mobilisation dans le but d’exprimer leur indignation et de réclamer justice pour leur camarade Grégory Saint-Hilaire, tué le vendredi 2 Octobre 2020 par des agents de l’Unité de Sécurité Générale du Palais national (USGPN). Malgré les avocats et avocates s’efforcent de rendre la marche pacifique mais les autres participants ont tout fait pour laisser leur trace sur tout le parcours ; De temps en temps, nous constatons des pneus enflammés, ils ont brisé plusieurs vitres de bâtiments publics comme une succursale de la BNC et une de la SOGEBEL et frappé les barrières des maisons privées sur la route de Turgeau.
« Justice pour Me Dorval, non à l’impunité et à l’immoralité », crie un étudiant en colère. Sur la route de Turgeau, un groupe d’étudiants chantent en chœur, les propos laissent entendre, « Abiye Jovenel tou woz, voye l ale. Abiye Martine tou woz voye l ale ». La police est absente durant toute la marche.
Arrivé à l’intersection de la route de Turgeau et l’avenue Martin Luther King, tout près de l’hôtel Marriott et la centrale de la compagnie Digicel, aucun dispositif de sécurité est remarqué comme à l’accoutumé.
Les étudiants tentent d’incendier un véhicule toyota de couleur noire, service de l’État, immatriculé « SE06499 ». Moins de 5 minutes, des agents du CIMO interviennent et éteignent le feu.
Devant les locaux du cabinet de l’ancien Bâtonnier de la capitale, l’actuelle titulaire du Bâtonnat de Port-au-Prince, Me Marie Suzy Legros prononce son discours de clôture.
Evens CARRIÈRE, Journaliste
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