Le RNDDH fait le diagnostic de la situation des droits humains en Haïti pour l’année 2020
« L’année 2020 est marquée par une dégradation systématique des droits humains en Haïti », soutient d’entrée de jeu, la dirigeante du réseau national de défense des droits humains(RNDDH), Marie Rosie Kesner Auguste Ducénat, ce mercredi 30 décembre 2020, au cours d’une interview. D’après la militante des droits de l’homme, que ce soit pour les droits civiques, les droits politiques, les droits sociaux et autres, les lignes sont rouges.
En ce qui concerne les droits civiques rapportant entre autres, au droit à la vie, droit à la sécurité, le RNDDH a communiqué dans son dernier rapport que, « 185 personnes ont été assassinées dans différents massacres du pays, dont 25 femmes et 5 enfants ; 35 policiers assassinés et dans l’aire métropolitaine 600 personnes sont tuées par balles dans le contexte de l’insécurité ;106 prisonniers en attente de jugement sont décédés dans les prisons ».
Marie Rosie K. Auguste Ducénat argue en indiquant que plusieurs éléments ont empêché la jouissance du droit à la justice, tels que l’insécurité avec la présence des groupes armés au bicentenaire, la pandémie de la covid-19, les différentes grèves des acteurs judiciaires. 80% des détenus sont en situation de détention préventive prolongée, fait-elle savoir.
« C’est une année très meurtrière pour les enfants, avance le responsable de l’organisation des droits humains. En février dernier, 15 enfants sont morts brûlés dans un orphelinat, jusqu’à maintenant les autorités de l’État n’ont rien expliqué à propos des circonstances du drame, argumente-t-elle. Nous nous rappelons le bébé de 8 mois, Meridina Fleurimont, et l’autre, Godson Joseph, ti Mamoun , Jimmy Telson, l’enfant de 17 ans, tous ont été tués par balles, continue Mme Dorcénat ».
Différentes manifestations au cours de l’année ont été dispersées brutalement par les forces de l’ordre au moyen de gaz lacrymogène, de tirs réels et autres, des faits qui prouvent la violation des droits politiques de la population haïtienne, analyse le membre du RNDDH. « Zone Stérile », le nouveau slogan des dirigeants de l’État pour empêcher l’accès à certaines rues de la capitale dont celle logeant le ministère de la justice et de la sécurité publique(MJSP), souligne-t-elle.
La jouissance du droit d’association a été mise à l’épreuve par des policiers voulant se regrouper en syndicat. Ils avaient peine pendant longtemps de trouver la reconnaissance légale de la part du ministère des affaires sociales et du travail(MAST), mentionne Marie Rosie K. Auguste Ducénat, qui précise que malgré le SPNH-17 est légal mais ses dirigeants sont persécutés par le Haut commandement de la PNH. Tous les membres directoires du SPNH-17 sont transférés pour qu’ils soient éloignés afin de les empêcher de réunir , enchaîne-t-elle.
Pour le droit de vote, n’en parlons pas, fustige Marie Rosie Auguste Ducénat.
« Nous avons fait l’expérience avec un seul Élu au pouvoir, à l’instar du tiers du Sénat restant. Le président et son équipe prennent le plaisir d’adopter environ 41 décrets, les plus diversifiés et plus préoccupants que les autres », laisse entendre la militante pour le respect des droits de la personne humaine.
« Auparavant les rapports du RNDDH ont été effectués pour aider l’État . Durant une longue période, les autorités font la sourde oreille, maintenant nous visons la population pour lui dire que les contenus des rapports lui concerne, ce sont des faits de tous les jours. Elle doit comprendre que si quelqu’un n’est pas victime de l’insécurité, du kidnapping, au cours de l’année 2020, ce n’est que le fruit du hasard, détaille la dirigeante du RNDDH ».
Nous devons nous exprimer, ouvrir nos yeux, dès l’entrée de l’année 2021, pour dire aux autorités que nous allons plus accepter ces genres de choses, conseille Marie Rosie Auguste Ducénat aux citoyens(nes) d’Haïti.
Evens CARRIÈRE, Journaliste
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