Le passage des zones de non-droit à un État de non-droit
Un territoire, une population, une direction politique avec l’ajout d’un minimum de reconnaissance internationale sont, d’après le droit constitutionnel, les éléments constitutifs d’un État.
Avec la victoire historique des indigènes lors de la bataille de vertières, nait le 1er janvier 1804, l’État haïtien.
La vie des haïtiens jusqu’à l’arrivée de l’ère démocratique dans le pays est marquée par des coups d’État, meurtres, occupations étrangères, assassinats, émigration massive, violences armées, ingérence internationale, violations des droits de l’homme, entre autres.
Trois décennies après l’adoption de la démocratie comme système politique, la pratique d’occuper des localités par des civils armés, devient très courante et inquiétante. On les surnomme << Zone de non droit >>, car dans ces localités, les représentants de l’État, que ce soit, policier, juge, Maire, sont absents ou n’ont aucune autorité. Autrement dit, les habitants de ces localités n’ont aucun droit même le droit à la vie car les bandes armées règnent en maitre et imposent leurs lois.
Pendant près de quatre (4) années et pour arriver jusqu’en 2024, le pouvoir Législatif est caduc ou dysfonctionnel, le pouvoir judiciaire comprend un ensemble de Magistrats nommés, pour la plupart, de façon illégale, le pouvoir Exécutif y compris les maries sont occupés par des dirigeants illégitimes et même dans certains cas sans un minimum de légalité.
Aucun haïtien n’est libre de circuler en toute quiétude d’esprit ; passer d’un département à un autre requiert avant tout un grand calcul nécessitant des données sur la position des différents groupes armés sur les routes nationales, le degré des risques, une estimation du cout du trajet. Le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), est dans l’impossibilité de connaitre le nombre d’écoles en général qui sont contraintes de fermer leurs portes sur le territoire national. Une réalité pareille pour les Universités haïtiennes.
Aucune garantie de justice pour des victimes d’actes antisociaux et les contrevenants à la loi se perfectionnent avec assurance car l’illégalité s’efforce au jour le jour de s’installer en norme. Le droit à la justice des haïtiens est violé de manière flagrante. Les autorités judiciaires surtout les honnêtes Magistrats sont des victimes de la justice. Les différentes grèves au sein de l’appareil judiciaire réclamant de meilleures conditions de travail et l’évasion répétitive des centres carcéraux en sont des faits justificatifs.
Rares sont les haïtiens qui pouvaient se procurer d’un logement décent. De nos jours, dans plusieurs départements comme l’Ouest, l’Artibonite et le centre, beaucoup d’habitants sont des nomades en raison de la violence des groupes armés.
La fermeture massive et progressive des entreprises et institutions augmentent le nombre des chômeurs et affecte encore plus la jouissance du droit au travail dans le pays.
Au sujet de loisirs sains et instructifs comme le cinéma, n’en parlons pas parce que la jouissance de certains droits dont le droit à la sécurité est un préalable.
Tomber malade est l’un des plus grands malheurs qui peut arriver à un haïtien dans le pays en tenant compte de l’inaccessibilité aux soins de santé.
La réalité qui se dessine à travers toutes ces considérations, nous laisse comprendre qu’Haïti est en train de vivre une transition qui s’exprime par le passage des zones de non droit à un Etat de non droit.
Evens CARRIERE
Journaliste
Juriste
Mémorant en Psychologie