Le coronavirus maîtrisé, Haïti met fin à l’état d’urgence sanitaire
La catastrophe n'a pas lieu, Haïti met fin à l'état d'urgence sanitaire forcé par le nouveau coronavirus (covid-19), selon ce qu'a annoncé le chef du gouvernement Joseph Jouthe.
Le Premier ministre Joseph Jouthe a annoncé la fin de l’état d’urgence sanitaire en Haïti, lors d’un entretien en exclusivité au Nouvelliste dans la soirée du lundi 27 juillet 2020, a appris Constant Haïti.
Selon le Premier ministre Joseph Jouthe qui s’entretenait au quotidien cité plus haut, la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) est « plus ou moins sous contrôle dans le pays », c’est la principale raison de l’annonce de la levée de l’état d’urgence sanitaire en Haïti.
L’état d’urgence fini depuis 20 juillet 2020
Depuis le 20 juillet dernier, le pays n’est plus en état d’urgence sanitaire. « Nous sommes en train de faire un monitoring de la situation avec le comité scientifique et la commission multisectorielle. Nous sommes en train aussi d’observer l’évolution de la maladie dans le pays. Si on doit retourner en état d’urgence sanitaire, on le fera. Mais au moment où je vous parle, le pays n’est plus en état d’urgence sanitaire », a expliqué le chef du gouvernement.
« Pour le moment, nous estimons qu’il n’est pas nécessaire de prolonger l’état d’urgence sanitaire. Nous avons pris des mesures pour permettre aux factories de fonctionner à cent pour cent, les églises ont recommencé à fonctionner, les écoles vont recommencer à fonctionner… », a expliqué Joseph Jouthe au Nouvelliste.
Le chef du gouvernement a indiqué en revanche que le gouvernement resterait très vigilant. « On surveille tous les jours ce qui se passe sur la frontière et dans l’aéroport. Jusqu’à présent, nous sommes plus ou moins confortables », a-t-il affirmé, soulignant que les informations communiquées par le ministère de la Santé publique sur la propagation du virus dans le pays sont plus ou moins rassurantes.
Questionné sur de plus en plus de gens qui circulent sans porter de masque et un relâchement dans le respect des gestes barrières, le chef du gouvernement a indiqué que les sensibilisations vont se poursuivre en ce sens, rapporte le journal.
Toutefois, le chef du gouvernement n’est pas encore en mesure d’expliquer pourquoi la Covid-19 n’a pas fait autant de dégâts dans le pays qu’en République Dominicaine, en Floride, entre autres. Cependant, il croit que les remèdes traditionnels en ont pour quelque chose.
Couvre-feu entre minuit et 4 heures AM maintenu
D’un autre côté, Joseph Jouthe a indiqué que le couvre-feu est toujours maintenu de minuit à 4 heures du matin et des inspecteurs de la secrétairerie d’Etat à la Sécurité publique sont sur le terrain pour porter la population à le respecter.
S’agissant des voyageurs en provenance des pays sévèrement touchés par le coronavirus, Joseph Jouthe a fait savoir que la réouverture de l’aéroport n’a pas provoqué une augmentation des cas du virus dans le pays. Le Premier ministre souligne que tous les passagers arrivent à l’aéroport avec leur test de covid-19 négatif et l’aéroport est aspergé et nettoyé régulièrement, rapporte le quotidien.
Par chance
Avec plus de 4 millions d’habitants en insécurité alimentaire, la fermeture des frontières pour préserver le peuple haïtien de la pandémie risquait de générer une multitude d’autres perturbations critiques. Ainsi, la crise devrait être sanitaire si la pandémie s’aggrave. Des médecins avaient déjà alerté sur la quasi-inexistence de soins intensifs adaptés en Haïti au nouveau coronavirus. Des hôpitaux étaient en grève, en pleine Covid-19, des médecins fuient les centres hospitaliers, car il n’y a pas de matériel adapté pour prendre soin des cas confirmés. En résumé, toutes les conditions étaient remplies pour la catastrophe en Haïti.
Le ministre Nader JOISÉUS craignait 1000 à 1500 morts par jour
Le ministre des Travaux publics Nader Joiséus, à l’instar de la ministre de la Santé qui avait, dès le début, prédit des jours sombres, le titulaire du MTPTC citait des prévisions qui donnent froid dans le dos. « Pour faire face à la pandémie, nous sommes prêts à répondre aux demandes de tous les autres ministères. Aujourd’hui nous sommes aux côtés du ministère de l’Environnement. Nous allons l’encadrer durant ses travaux. Nous irons dans tous les quartiers, même ceux réputés de non-droit, où il y a une forte densité de population. Dans ces zones, si les prévisions sont justes, il y aura d’ici le 15 mai entre 1000 à 1500 morts par jour. Cela dit, les morgues seront débordées. Si c’est le cas, le ministère des Travaux publics sera aux côtés du ministère de la Santé publique avec ses équipements et fera plus que ce qu’il avait fait après le séisme du 12 janvier 2010 », a-t-il précisé.
Les experts craignaient plus de 20 000 morts
Dans le meilleur scénario possible, nous prévoyons environ 2000 décès, mais, suivant l’évolution de la situation, nous pouvons prendre ces prévisions et les multiplier par cinq, par dix », a annoncé l’épidémiologiste haïtien Patrick Dely. « Et dans un cadre catastrophique, nous pouvons aller au-delà de 20 000 décès », a-t-il ajouté lors de la première conférence de presse de la cellule scientifique qui a été mise sur pied par le gouvernement haïtien.
« Avec une population de 11,2 millions d’habitants, Haïti n’est encore qu’aux prémices de l’épidémie de COVID-19, avec un total de 72 cas officiellement diagnostiqués et 5 décès enregistrés, selon le dernier bilan des autorités sanitaires », avions nous lu dans une dépêche de l’AGENCE France-Presse (AFP) publié le 24 avril 2020.
« D’éventuelles mesures de confinement, comme celles instaurées en Italie et en France, seraient difficiles à mettre en œuvre dans ce pays des Caraïbes, car la grande majorité des habitants dépend quotidiennement de l’économie informelle pour survivre » a poursuivi la dépêche, qui déjà a voulu de très tôt classer Haïti au rang de l’Italie, qui était alors le pays le plus touché par la pandémie.
La catastrophe n’a pas lieu
Grâce à la puissance du système immunitaire haïtien, de l’application de la médecine traditionnelle alternée à celle scientifique les Haïtiens ont su résister face à la pandémie de Covid-19. « Fè Te, bwè Te » [faites du thé, buvez du thé], avaient conseillé les a animateurs de l’émission Matin Débat à maintes reprises, sur la radio Eclair. Une phrase que le Premier ministre Joseph Jouthe lui-même a eu à reprendre.
C’est pas fini
Il faut tout de même prendre des précautions. La population haïtienne doit continuer à mettre en pratique les mesures barrières, car en période de déconfinement total, l’épidémie peut encore remonter et renverser la tendance actuelle, en dépit de toutes les considérations favorables. Car, malgré tout, le système de santé haïtien en soi, n’est jusqu’à l’heure pas prêt pour contrecarrer la covid-19. Les Haïtiens ont simplement bénéficié de leur nature.
Parallèlement, le Premier ministre Joseph Jouthe a appelé la population, lors de son entretien au Nouvelliste, à ne pas négliger les gestes barrières. Le Premier ministre a fait savoir que son gouvernement a déjà distribué 19 millions de masques à travers le pays. Le Premier ministre a souligné qu’il ne souhaitait pas de nouvelles vagues de la maladie dans le pays comme c’est le cas dans plusieurs pays en Europe.
Voir aussi: Il faut écrire «la Covid-19», le terme est féminin selon un rappel de l’Académie française
Constant Haïti