“Je me suis rendu à Delmas pour recevoir 250,000 gourdes”, Guyler C. Delva
Affaire Matin Caraibes: ce qu’il faut comprendre de ma vérité
Par Guyler C. Delva
Depuis quelques jours, une information – diffusée dans les médias sociaux, par un membre de l’émission Matin Caraibes, Emmanuel Jean-Francois – défraie la chronique. Selon Manno Jean-Francois l’ancienne directrice générale du Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS), Magalie Habitant, aurait distribué un million de gourdes à quatre membres (dont moi-même) de cette belle et incontournable émission qui capte l’attention tous les matins sur Radio Caraibes.
Et ces révélations pour le moins choquantes et scandaleuses se sont propagées comme une trainée de poudre et a eu l’effet d’une bombe, surtout quand ces dernières impliquent des directeurs d’opinion que l’on compte parmi les plus retentissantes des voix critiques qui jaugent les actions posées par nos hommes politiques et des acteurs socioéconomiques.
Dans le but de dissiper les nuages qui aujourd’hui embuent le paysage du média-patrimoine qu’est Radio Caraibes, je vous propose, chers lecteurs, ma vérité qui, j’espère, pourra se confondre avec la vérité, car on peut toujours se tromper sur certains détails.
En décembre 2018, j’ai reçu un appel d’un ami, aujourd’hui décédé, m’informant qu’une amie de vielle date (une amie de plus de 30 ans) m’avait envoyé un cadeau pour les fêtes de fin d’année. Il m’a donné rendez-vous à Delmas où je me suis rendu pour recevoir un montant de 250,000 gourdes. Et tout de suite après j’ai appelé ma chère amie pour la remercier d’avoir pensé à son ami. Et je n’y voyais rien de mal, puisque dans le passé, alors qu’elle n’occupait aucun poste dans l’administration publique, elle savait me soutenir dans certaines initiatives.
Et, dois-je souligner, cette amie n’était plus à la tête du SMCRS dont elle s’est séparée en septembre 2018, alors que le geste de générosité dont on parle, remonte à décembre 2018. Il s’agissait d‘un geste entre une citoyenne privée et un ami privé. Donc cela n’avait rien à voir avec les deniers publics ou un quelconque programme d’assainissement. En tout cas, à ma connaissance. D’autant plus que cette amie, entrepreneure de son état, possédait de gros moyens avant même qu’elle n’ait eu l’occasion d’accéder à un poste politique.
Et même si elle était encore en poste, aurait-on une ‘‘raison raisonnable’’ de croire qu’elle n’était plus dotée de moyens financiers propres, alors que l’on sait qu’elle en avait trouvé assez, en tant que citoyenne privée, pour financer la campagne du président Jovenel Moise? Moi, ministre, je savais partager, le peu que j’avais, avec des amis dans la presse ou ailleurs. On me donnait des frais, prévus par la loi, qui me permettaient d’aider quelques amis en difficulté. S’agissait-il d’une entreprise de corruption? Certainement Non! Donc, je n’ai pas à me condamner!
Cependant, avec le recul que procurent le temps et les malheureux évènements qui ont cours aujourd’hui, je me suis dit que, même s’il s’agissait d’une amie de très longue date, j’aurais pu éviter à Radio Caraibes, à mon très cher ami et grand frère Patrick Moussignac, et aux fans de l’émission, ces déboires et cette mésaventure.
Radio Caraibes, véritable patrimoine national, me dépasse et dépasse même son propriétaire, Patrick Moussignac qui a construit cette œuvre au prix d’énormes sacrifices, y compris le sacrifice de lui-même, voire celui de sa famille, pour apporter sa si précieuse pierre à l’édification de cette nouvelle Haïti dont nous rêvons toutes et tous. Radio Caraibes rend au peuple haïtien un service inestimable.
J’adhère donc à la décision de Patrick Moussignac de suspendre temporairement Matin Caraibes, puisque, dans l’état actuel des choses, il faut bien qu’il fasse quelque chose pour préserver l’image et la crédibilité de ce patrimoine. Il nous a toujours demandé de ne rien faire qui puisse entacher l’image de la radio. Il n’a jamais cessé de nous en avertir, de nous en prévenir.
J’ai toujours refusé de participer à des actes et des pratiques de corruption. J’étais Secrétaire d’État, Conseiller du Président de la République et Ministre de la Culture et de la Communication. J’aurais pu m’enrichir pour ne pas avoir à avoir besoin de l’aide – évidemment non sollicitée, sans condition et sans contrepartie – d’une amie de vielle date. Mais, ce n’est pas mon genre!
La corruption constitue la plus grosse injustice qui puisse être infligée aux plus défavorisés, aux masses pauvres de ce pays, puisqu’elle est un frein cruel et épouvantable au processus de développement socioéconomique et politique. Je ne m’y étais pas associé hier, je ne la pratique pas aujourd’hui et je ne m’y adonnerai jamais. Au contraire je continuerai à combattre la corruption, comme je le fais déjà à travers ma musique Aba Korypsyon (Abas Corruption), publiée sur Youtube depuis le 27 décembre 2019. Cliquez sur ce lien :
Tout compte fait, on aurait pu éviter tout cela. À défaut de devoir me condamner, je me résous à me blâmer. Je saurai etre plus vigilant dans l’avenir!
Mea culpa!
Joseph Guyler C. Delva