Le gouvernement haïtien s’apprête à réactiver la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR), une structure qui, dans le passé, s’est révélée inefficace face à la montée des groupes armés. En prenant cette décision, la Présidence et la Primature semblent vouloir établir un canal officiel de dialogue avec les gangs, dans un contexte où ces derniers contrôlent une grande partie du territoire.
Une réactivation stratégique de la CNDDR
Selon nos informations, l’Exécutif a choisi, ce mardi, plusieurs personnalités pour faire partie de cette commission, dont la mission est de pacifier le pays. Ce point devrait être débattu en Conseil des Ministres dès ce mercredi 12 février 2025, sauf changement de dernière minute.
La CNDDR, qui existe depuis 2006, a pour rôle de coordonner et d’appliquer la politique gouvernementale en matière de désarmement et de réinsertion des individus issus des groupes armés. Cependant, son bilan est loin d’être convaincant.
Une commission aux résultats contestés
La CNDDR a été créée le 28 août 2006 et réactivée sous la présidence de Jovenel Moïse en 2018. Un décret présidentiel du 8 mars 2019 a confirmé son retour, mais ses actions n’ont pas permis de freiner la violence.
Quelques chiffres illustrent ses limites :
- 2006-2010 : 2 432 assassinats enregistrés, dont 63 policiers, ainsi que 4 873 cas de violences sexospécifiques et 1 307 enlèvements.
- Mars 2019 : la commission identifie 76 gangs armés à travers le pays.
- Selon l’organisation de défense des droits humains Collectif Défenseurs Plus, la CNDDR n’a pas empêché la multiplication et l’essor des groupes armés.
Face à ces échecs, la commission elle-même a admis qu’elle n’a pas pu atteindre ses objectifs, faute d’un soutien gouvernemental suffisant et d’une implication de tous les secteurs concernés.
Un canal de communication avec les gangs ?
En relançant la CNDDR, le gouvernement ne mise plus uniquement sur la répression. Cette commission pourrait servir de passerelle pour négocier avec les gangs, en vue d’une éventuelle trêve ou d’un processus de désarmement progressif. Toutefois, avec les antécédents d’échec de cette structure, de nombreuses interrogations subsistent sur son efficacité réelle.
Le Conseil des Ministres de ce mercredi devra clarifier les intentions de l’Exécutif. Cette relance de la CNDDR est-elle une tentative de dialogue déguisée avec les chefs de gangs ? Ou s’agit-il simplement d’un acte politique sans réelle portée sur le terrain ?