Affaire Me Monferrier Dorval : les corps du délit sont disparus au tribunal de Première instance de Port-au-Prince
Depuis la semaine écoulée, des informations laissaient croire que le dossier de l’enquête relatif à l’assassinat de Me Monferrier Dorval est disparu au niveau du parquet de Port-au-Prince. Une information que le chef du parquet de la capitale, Me Ducarmel Gabriel avait démentie rapidement tout en précisant que le dossier est déjà transféré au cabinet d’instruction. Ce mercredi 21 octobre 2020, au cours d’une conférence de presse, la Bâtonnière de l’ordre de Port-au-Prince, Me Marie Suzy Legros indique qu’effectivement les corps du délit du dossier de Me Dorval sont volés au greffe pénal au tribunal de Première instance de Port-au-Prince (TPI), et non pas au parquet.
« Le 19 octobre 2020, le conseil a appris avec consternation la disparition des corps du délit relatifs à l’affaire de l’ancien Bâtonnier de Port-au-Prince. Le conseil constate l’absence de dispositifs pour sécuriser le dossier, ayant un caractère emblématique, laisse entendre Me Marie Suzy Legros ».
Il est évident qu’un simulacre de procès est en train d’être préparé, fustige la première avocate de la capitale.
« Ceux qui ont assassiné Me Monferrier Dorval s’assurent pour que justice ne soit pas rendue en sa faveur, explique le numéro 1 du Barreau de Port-au-Prince. Le droit à la justice est bafoué quand l’impunité est présente dans les premières étapes de l’enquête, continue-t-elle d’une voix pleine de découragement ».
D’après Me Marie Suzy Legros, les corps du délit disparus ont été composés d’un ensemble de téléphones portables appartenant aux présumés assassins arrêtés. Les téléphones portables étaient à l’intérieur d’un sac noir, raconte-t-elle tout en soulignant que la disparition des corps du délit a eu lieu sans effraction, c’est-à-dire les portes n’ont pas subi de dommages.
La Bâtonnière enchaine en avançant que la disparition n’est pas due à cause d’une négligence. Pour lui, c’est volontaire de la part des responsables du tribunal car il y a des engagements qui exigent la prise de toutes mesures de sécurité nécessaires. Pourquoi ils ne sont pas allés au greffe civil? , interroge-t-elle. Donc, ils sont allés là où se trouve le dossier, analyse l’avocate.
Dans la lignée, Me Marie Suzy Legros souhaite que la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) prenne toutes les mesures utiles afin de faire lumière sur la disparition des corps du délit dans le cadre de son enquête en cours.
La DCPJ a une commission rogatoire pour enquêter sur le dossier. Son rapport était que partiel donc elle doit continuer afin de le finaliser, précise l’actuelle et première Bâtonnière du Barreau de Port-au-Prince.
Evens CARRIÈRE, Journaliste
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