Haïti : Le redressement économique doit passer par un choix de société selon l’économiste Fritz Alphonse Jean
Lors d’un Déjeuner-débat organisé par la Chambre Franco-Haitienne de Commerce et d’industrie le 19 janvier 2022 à l’hôtel Karibe, l‘économiste Fritz Alphonse Jean, qui intervenait aux côtés de l’économiste Etzer Emile et de Robert Paret du groupe Profin, présente Haïti comme un pays qui dépend essentiellement de l’aide internationale et de la diaspora. Pour l’ancien Gouverneur de la banque centrale, le peuple haïtien vit dans un pays failli à cause de l’incapacité de l’Etat à répondre aux besoins de la population.
« Nous sommes un pays qui ne produit pas, un pays qui importe. Et comme justement nous produisons pas, nous dépendons essentiellement de la diaspora avec ses quatre millions de transferts sans contreparties pour combler le déficit commercial auquel Etzer Emile faisait référence. En fait nous sommes un pays totalement assisté et totalement dépendant et nous sommes dépendant avec de la diaspora avec ses quatre milliards de dollars qui nous arrivent chaque année, et c’est ça la situation. Lorsque l’on parle de redressement économique, qu’est-ce l’on peut faire maintenant pour arriver à ce redressement économique, quels sont les défis qui nous attendent particulièrement au 21e siècle à l’ère de l’Economie du savoir. Et l’on sait très bien qu’à l’ère de cette Economie du savoir, on ne peut pas avoir cette masse de gens non-éduqués. Comment assurer en urgence le redressement économique du pays ? on se pose la question parce que l’on est dans un État failli, il ne faut pas hésiter pour le dire. La faillite de l’État c’est son incapacité à remplir ses missions régaliennes, mission d’éducation pour nos enfants. », a déclaré l’ancien gouverneur de la banque centrale, Fritz Alphonse Jean.
Selon M. Jean, les principales missions dans lesquelles l’Etat haïtien a failli sont ses missions de service de santé, ses missions de service de justice, faisant référence à la République dominicaine.
La faillite de l’Etat c’est aussi l’incapacité de cet État à sécuriser la vie des citoyens. Nous sommes en train de vivre cette peur au quotidien, et le viol collectif des femmes que l’on kidnappe. C’est cette situation que nous sommes en train de vivre. Alors, le redressement économique est au cœur du devenir d’Haïti mais passe par un choix de société. Quand on parle de choix de société c’est aussi la relation de l’Etat avec le reste de la société, relation avec les groupes économiques, relation de l’Etat avec la société civile, relation de l’Etat avec “le pays en dehors” (la province), explique Fritz Alphonse Jean.
“Moi qui ai ma résidence à Sainte Suzanne, je dois vous dire qu’est-ce que cela signifie de vivre en dehors du grand Port-au-Prince: l’Etat est complètement inexistant, en terme de services de Santé, d’Education. nous avons donc créé une société de gens pauvres et la manifestation de cette pauvreté ce sont les territoires perdus de la République, et les territoires perdus vous les connaissez tous: Martissant, Cité Soleil etc. ce sont des territoires perdus. Et comme conséquence, c’est la migration anarchique”, a ajouté le candidat à présidence provisoire d’Haïti